Je suis de base d'une nature assez sombre et pessimiste, et je ne peux pas dire que j'aime beaucoup les gens. Mais plusieurs années à travailler dans le commerce m'ont fait réviser mon opinion : maintenant, je les hais encore plus qu'avant ! :D

Mais comment sais-tu que cela ira bien ? Déjà qu'un bon paquet d'ado en bave en ayant pourtant des conditions largement favorables, comment peux-tu être si optimiste ? Est-ce une simple surprotection vu l'état actuel de la société ? Tu parles de prendre un pari, mais un pari sur la vie d'un enfant.

"Leur souffrance profondes vaut-elle moins qu'une potentielle difficulté pour l'enfant?"
Oui. Pour moi, mieux vaut souffrir que de se soulager en reportant potentiellement sa souffrance sur quelqu'un d'autre, surtout quand tu ne lui demandes pas son avis.

"Et pourquoi n'aurait-on pas le droit d'interdire à une famille de crétins d'avoir un cinquième enfant? Honnêtement pour moi ça ne serait pas du tout plus honteux que de s'octroyer le droit de dire non aux couples gay. "
Pour des raisons pratiques en fait ^^ Tu aura du mal à empêcher la procréation naturelle. Après, tu peux adopter le contrôle des naissances façon chinoise, mais ça charge les ruisseaux en cadavre de petites filles. Désolé, je suis un peu trash, mais c'est une réalité. Toucher à ce genre de sujet revient à rentrer dans un débat glissant avec des amalgames à la con entre le "normal", le "naturel" qui dégénérait trop facilement. Je m'en tients à la différence actuelle entre ce qui est "hors contrôle" (la procréation) et ce qui l'est (l'adoption), le second entrainant une responsabilité bien plus importante de la société.


Le truc, c'est que cette bêtise (à savoir "la prise en compte de la différence") est une composante fondamentale de notre espèce, de notre nature, de notre société. On ne doit surtout par l'ignorer. Elle est toujours là parce qu'en réalité, ce n'est pas complètement une bêtise, c'est un réflexe primaire qui ressurgit en situation difficile. C'est même un passage obligé que l'on traverse tous durant notre enfance. L'humain est grégaire. La raison ne parvient jamais complètement à prendre le dessus, c'est impossible.
Pour moi, croire qu'il suffit de passer une loi pour faire disparaitre cette "bêtise" et avoir demain des enfants de familles homoparentales qui pourront grandir sans souffrir de la différence de leurs parents, c'est comme croire qu'un accord de paix empêchera la guerre ou qu'un loi tuera le racisme.

Je vais te dire, pour que j'ai espoir en un changement réel, il faudrait que cette proposition (l'adoption) passe par un referendum national. S'il y a une majorité absolue, alors OK, j'admettrais qu'il y aura moyen d'avoir un répit, de foutre cette bêtise de coté pour un temps et que la société française pourra peut-être absorber la chose, mais j'en un doute.
Dans tous les cas, c'est une erreur que de vouloir pousser le paquet "mariage+adoption" d'un bloc.

@shura : moi, j'étais le seul binoclar de ma classe (on est d'accord, c'est bien moins grave), le cul de bouteille, le serpent à lunette, et j'avais la même réaction que toi avec ceux qui se moquait. Par contre, le ptit gros de la classe, lui, il ne l'avait pas et je l'ai vu plus d'une fois en pleures à la sortie de l'école. Et je parle pas de ce que faisaient certains crétins avec les gamins de l'école d'à coté pour déficient mental léger... Tout le monde n'a pas les moyens de se défendre.

Bon, pour le rappel, je suis pour le mariage gay hein.

Pour le reste, désolé, mais vous avez une reflexion qui est pour moi inversée. L'adoption et le "naturel" ne sont pas identiques. Le premier relève d'un choix, d'une responsabilité extérieure aux géniteurs.

Quand un enfant doit être placé dans une famille, les responsables (ceux qui font correctement leur travail) s'inquiétent avant tout de l'environnement de l'enfant. Ils ne vont pas le placer dans une famille dysfonctionelle (genre engueulade &co), ils ne vont pas le placer dans une famille qui a de l'amour à revendre mais qui manquent cruellement de moyens ou vit dans un guetto, dont l'un des parents souffre d'une maladie incurrable qui pourraient le faire disparaitre prématurément, ni même à un couple de déficiants mentaux ou membres d'une secte et, hormi pour certaines stars ayant des passes-droits à la con, les foyers monoparental sont aussi écartés. On peut discuter du fondement de ces critères, mais ils n'en restent pas moins présents avec comme base, l'intérêt de l'enfant.
Je vais prendre un exemple extrême : imaginons une famille blanche "éclairée", équilibré, aimante, financièrement solide MAIS qui habite l'état le plus raciste du pays où les aggressions racistes sont les plus nombreuses du pays, où le KKK défile ouvertement. Cette famille serait ravis d'adopter un enfant noir, mais toi, est-ce que tu prendrais la décision, le risque, de leur confier ? Pour faire plaisr aux parents ? Pour faire avancer la situation ? On est d'accord, cela relève de la carricature, mais cela illustre un point. L'envie des familles ou la "raison" sont importants, mais le contexte aussi.

Une fois encore, pour moi, si la société était tolérante envers les gays, l'adoption ne me poserait pas de problème, mais ce n'est pas le cas. Actuellement, de ce que je vois de la société, l'acceptation de l'homosexualité est à peu près du niveau de ce qu'était l'acceptation des "droits civiques" aux US dans les années 60.

Vouloir faire passer l'adoption aujourd'hui, alors qu'ils ne sont même pas sûr d'arriver à imposer le mariage (on voit partout des couillons de maires déjà proclamer qu'ils refuseront des les célébrer), sans attendre que cela s'ancre un minimum dans les moeurs (ce que dans mon pessimisme, j'ai du mal à croire), je campe sur mon non. Je persiste à croire que c'est trop d'un coup et que la situation sera dommageable aux enfants.

Le truc, c'est que si demain, une étude sérieuse vient dire que 70% des enfants de familles homoparentales n'ont pas eu à en souffrir durant leur enfance, je dis mea culpa, je vote pour l'adoption. Mais si cette étude vient dire que 70% de ces enfants ont eu a en souffrir, seriez-vous capable d'admettre que l'adoption n'est finalement pas une bonne idée (au moins pour l'instant) ? Ou est-ce que pour des raisons de messages, de valeurs, il faudrait tout de même la passer ?