Nouvelle review tournée vers la scène indépendante aujourd'hui avec Mari & Bayu - The Road Home, qui sort aujourd'hui sur Steam. Le jeu du studio Skinny Bandit nous invite à découvrir le monde à travers les yeux d'une petite fourmi dans un platformer 2D jouable en coopération. Malgré de bonnes intentions, l'essai n'est pas totalement transformé selon nous et on vous explique pourquoi sans plus attendre.
Doté d'une direction artistique plutôt réussie dans son genre, Mari & Bayu pêche surtout par ses animations trop raides et ses approximations côté jouabilité. Mari peut sauter, se saisir de grosses pierres pour les pousser ou les tirer, mais elle a besoin du souffle de Bayu pour réussir à bouger ces dernières. De même, la luciole utilisera cette capacité pour permettre à la fourmi d'atteindre une corde, pour la balancer, la faire virevolter à dos de plume ou même déplacer des objets légers pour les déposer sur une fosse remplie de pics acérés. Plus tard, Bayu pourra aussi faire usage de ses ailes pour porter Mari et lui éviter une mort certaine. Jouable en coopération en local avec écran partagé, le titre peut tout aussi bien se découvrir seul. On dirige alors Mari grâce au stick gauche et Bayu avec celui de droite, ce qui demande un minimum d'entraînement. Les manipulations ne sont cependant pas aussi exigeantes que celles du Brothers de Josef Farez, d'autant que Bayu suit son amie automatiquement. En revanche, les passages où il faut placer Bayu sous la plume sur laquelle se tient Mari et utiliser son souffle pour la déplacer (tout en maintenant le bon angle sous peine de devoir tout recommencer) sont nettement plus délicats à appréhender. Clairement, la manœuvre n'a rien d'évident au début, et elle peut donc être source de frustration, avant de prendre le coup de main en tout cas.
Le second problème quand on découvre le jeu, c'est que ce souffle, qui n'est pourtant soumis à aucune jauge visible, ne peut pas être utilisé en continu. Cela ajoute donc une contrainte supplémentaire, et c'est une fois de plus quand on doit soulever la plume où se trouve Mari que les ratés s'enchaînent au départ, ce qui pourra agacer les moins patients. Il a beau suffire de doser les poussées au lieu de maintenir la gâchette enfoncée en permanence, ce ne sera pas forcément évident pour tout le monde. Cela demande un peu de doigté, et ce n'est pas forcément une mauvaise idée à l'heure où la difficulté est souvent bannie de ce genre de jeux, mais on trouve tout de même les contrôles un peu imprécis. Comme le jeu possède une composante die & retry indéniable, on ne s'étonne pas que les checkpoints soient très réguliers, ni qu'ils ne réinitialisent pas toutes les actions du joueur. Ainsi, lors d'une séquence de glissade où il faut éviter des ronces, on nous demande une manipulation quasiment impossible seul puisqu'elle consiste à faire tomber un morceau d'écorce grâce au souffle de Bayu avant que Mari n'atteigne une fosse remplie d'épines. Même en sachant ce qui va se passer, le timing est si serré que réussir la manœuvre en solo tient de la gageure. Heureusement, en parvenant à déplacer ce morceau d'écorce juste avant la mort de Mari, il reste en place quand on reprend la séquence au dernier checkpoint. Ceci étant dit, on ne nous enlèvera pas de l'esprit que ce choix est surtout la preuve que le studio a bien conscience des limites de son système de jeu en solo, sur certains passages du moins.
Et c'est bien dommage car avec une meilleure mise en œuvre, Mari & Bayu aurait pu mieux tirer son épingle du jeu. Les graphismes sont plutôt réussis, avec des décors qui ne sont parfois pas sans rappeler le très mignon Unravel, et les musiques sont aussi très soignées et agréables à écouter. En revanche, l'optimisation globale était encore assez moyenne au moment du test. Même avec notre RTX 2080 Ti, nous avons pu constater quelques petits ralentissements. De plus, le jeu n'est certes pas encore certifié Steam Deck, mais avant de pouvoir l'être, il faudra absolument qu'il règle ses problèmes de performances sur la machine de Valve. En effet, en dehors du tout début de l'aventure qui reste fluide, le framerate oscille ensuite entre 10 et 20 fps, ce qui rend les contrôles particulièrement hasardeux. En l'absence d'un menu d'options graphiques, et compte tenu du fait que modifier la résolution n'améliore en rien les performances (y compris sur un PC classique d'ailleurs), il est malheureusement impossible d'éviter ces difficultés techniques pour le moment. On imagine que le jeu sera tôt ou tard mis à jour pour les corriger, mais les développeurs n'ayant pas forcément prévu de faire tourner leur titre sur le Steam Deck pour l'instant (le jeu n'est pas "Steam Deck verified"), il n'est pas dit que cela aura des effets bénéfiques sur cette plateforme. Très clairement, on peut donc difficilement leur en vouloir, mais si vous pensiez y jouer sur la "console" de Valve, sachez que l'expérience n'est pas du tout recommendable pour le moment. Malgré son style visuel en 2D, le jeu semble donc trop gourmand pour le Steam Deck pour le moment, même si on penche plutôt sur un problème d'optimisation lié à la machine et son environnement.
Au final, on retiendra surtout de Mari & Bayu qu'il s'agit d'un titre, certes perfectible, mais qui a du cœur. À l'image de son héroïne, il lui manque les forces de ses modèles pour devenir pleinement convaincant, mais son univers n'en est pas dénué de charme pour autant. Seul, la jouabilité souffre d'une certaine imprécision qui peut être source de frustration. À deux, le bilan est plus convaincant, même s'il vaudra mieux que le joueur contrôlant Bayu soit relativement adroit. Ceci étant dit, même avec ses quelques qualités, dans le paysage vidéo-ludique actuel et compte tenu de la pléthore de jeux réussis dans le genre, il sera sans doute difficile pour Mari & Bayu The Road Home de se faire une vraie place au soleil cet été. On a beau apprécier la démarche de proposer un titre entièrement jouable à deux sur le même écran, il aurait fallu mieux équilibrer les mécaniques pour le rendre un peu moins laborieux et en faire un titre totalement fréquentable.